29.

Il était 4 heures du matin. Mona, Lauren, Lily et Fielding étaient rassemblés dans le salon. Randall aussi était là. Paige Mayfair allait bientôt arriver de New York. Son avion avait atterri à l’heure prévue et Ryan était parti la chercher à l’aéroport.

Tout le monde attendait tranquillement. Personne n’y croit, se dit Mona. Mais nous devons essayer. Que serions-nous si nous n’essayions même pas ?

Un peu plus tôt, tante Béa était arrivée d’Amelia et avait dressé un buffet pour que chacun puisse se restaurer. Elle avait également placé de gros cierges dans les deux cheminées. Ils étaient maintenant à demi consumés mais continuaient de renvoyer une lueur vacillante.

En haut, les infirmières papotaient à voix basse. Elles s’étaient octroyé une pause-café dans la chambre de tante Vivian qui, très attachée à Évelyne l’Ancienne, avait gentiment accepté de passer la nuit à Amelia. Évelyne l’Ancienne lui avait murmuré des propos incompréhensibles toute la soirée, et tout le monde se demandait si elle savait vraiment qui était Vivian.

— Ces deux vieilles femmes sont faites l’une pour l’autre, avait commenté tante Béa.

Dans toute la maison, jusqu’au deuxième étage, des cousins dormaient dans des lits de fortune. Pierce, Ryan, Mandrake et Shelby étaient quelque part dans les parages. Jenn et Clancy étaient dans la chambre de devant. D’autres Mayfair dormaient dans la maison d’invités, au-delà du chêne de Deirdre.

Ils entendirent la voiture s’arrêter devant le portail.

Personne ne bougea. Henri ouvrit la porte et fit entrer cette femme qu’aucun d’eux n’avait encore jamais vue. Paige Mayfair, l’arrière-petite-fille de Cortland et d’Amanda Grady Mayfair, sa femme, qui avait quitté Cortland bien des années auparavant et s’était installée dans le Nord.

Paige était une petite femme agile qui n’avait rien de commun avec Gifford et Alicia et ressemblait plutôt à un oiseau, avec ses longues jambes et ses attaches fines. Ses cheveux étaient coupés court et elle portait de ces énormes boucles d’oreilles qu’il faut ôter quand on veut répondre au téléphone.

Elle en imposa dès son entrée. À part Fielding, tout le monde se leva pour l’accueillir et l’on procéda à l’échange de baisers traditionnel entre cousins, même lorsqu’on ne se connaissait pas.

— Cousine Paige. Cousin Randall. Cousine Mona. Cousin Fielding.

— Tu n’es pas venue seule de l’aéroport ? demanda Fielding, surprenant la femme, comme toujours, par sa voix jeune et vigoureuse.

Mona se demanda qui, de Fielding et de Lily, était le plus âgé. Fielding faisait si vieux avec sa peau jaune et translucide et les taches brunes sur le dos de ses mains décharnées. C’était à se demander ce qui le maintenait en vie. Lily, malgré un corps extrêmement sec sous son sévère tailleur de soie, était très vigoureuse.

— Je te l’ai déjà dit, intervint Mona. Il y avait deux policiers avec elle. Ils sont dehors. Tout le monde est réuni, à New York. On les a prévenus. Pas un seul membre de la famille n’est seul à l’heure actuelle.

— Et aucun autre incident ne s’est produit, dit poliment Paige. N’est-ce pas ?

— Exact, répondit Lauren.

Elle avait réussi à rester tirée à quatre épingles toute la journée et toute la nuit.

— Nous ne l’avons pas retrouvé, dit-elle sur le ton qu’elle aurait employé pour calmer un client hystérique. Mais, en effet, il n’y a eu aucun autre incident. Un tas de gens travaillent sur cette enquête en ce moment.

Paige hocha la tête. Elle tourna les yeux et les posa sur Mona.

— Alors, c’est toi, la fameuse Mona, la légende.

Elle lui adressa un de ces sourires indulgents réservés aux jolies petites filles.

— J’ai énormément entendu parler de toi. Béatrice m’écrit de longues lettres à ton sujet. Et, si nous n’arrivons pas à faire revenir Rowan, tu deviendras donc l’héritière.

Choc.

Personne n’en avait jamais soufflé mot à Mona. Et pas une seule fois elle n’avait eu le moindre soupçon de ce qui se tramait derrière son dos. Comment cela était-il possible ? Elle ne put s’empêcher de regarder vers Lauren.

Lauren évita son regard.

Si je comprends bien, la décision est déjà prise ?

Personne ne voulait la regarder. Tous les esprits étaient fermés. Soudain, elle s’aperçut que seul Fielding avait les yeux posés sur elle. Personne n’avait eu l’air étonné des paroles de Paige. C’était donc que la décision avait bel et bien été prise, à son insu, et que personne n’avait le courage de s’en expliquer. Le sujet était trop vaste pour l’aborder maintenant. Une petite phrase sarcastique lui vint à l’esprit : Quoi ? Cette petite folle de Mona avec sa ceinture à gros nœud et son ruban dans les cheveux ? La fille sauvageonne de cette ivrogne d’Alicia ?

Elle ne dit rien. Tout au fond d’elle, elle se sentait tenaillée par la douleur. Rowan, ne meurs pas. Rowan, pardonne-moi. Le moment était mal choisi, mais elle repensa au torse puissant de Michael au-dessus d’elle et à son sexe allant et venant dans son ventre. Elle ferma les yeux très fort.

— Nous devons nous accrocher à l’idée que nous pouvons aider Rowan, annonça Lauren d’une voix si désespérée qu’elle démentait ses paroles. La question de l’héritage est un vaste problème. Trois juristes s’occupent actuellement des papiers. Mais Rowan est toujours en vie. Elle est là-haut. Elle a survécu à son opération. Les médecins ont fait leur travail, à nous d’essayer quelque chose.

— Tu es au courant de ce que nous voulons faire ? demanda Lily à Paige.

Les yeux de Lily étaient encore embués de larmes. Elle avait pris une attitude de défense, en quelque sorte, les bras croisés sur sa poitrine, une main posée sur sa gorge. C’est la première fois, se dit Mona, que je l’entends parler d’une voix chevrotante et vieille.

— Oui, je suis au courant, répondit Paige. Mon oncle m’a tout raconté. Je comprends. Toutes ces années. J’ai beaucoup entendu parler de vous tous et, maintenant, je suis dans cette maison. Mais je dois vous prévenir : je ne crois pas vous être d’une aide quelconque. C’est un pouvoir que d’autres savent utiliser. Pas moi. Mais je veux bien essayer.

— Tu es l’une des plus fortes, dit Mona. C’est cela qui importe. Nous avons réuni ici les plus puissants de la famille mais aucun de nous ne sait réellement utiliser ses dons.

— Alors, allons-y ! Voyons de quoi nous sommes capables, dit Paige.

Ils sortirent en groupe du salon et traversèrent le hall d’entrée. Mona n’avait jamais aimé cet ascenseur trop petit, poussiéreux, vieux et, malgré tout, très puissant. Elle suivit les deux hommes à l’intérieur et aida Fielding à s’asseoir sur l’unique siège poussé dans un angle, une petite chaise de bois cannée. Elle referma la porte, rabattit la grille et appuya sur le bouton.

Lorsqu’ils entrèrent dans la chambre de maître, les autres étaient déjà là. Michael, bras croisés, observait le visage de Rowan, qui n’avait pas bougé d’un pouce.

Personne ne disait rien. Mona décida de prendre la parole.

— Il est préférable que les infirmières sortent.

— Pourriez-vous nous dire ce que vous comptez faire ? demanda la plus jeune, avec une certaine agressivité.

C’était une femme au teint cireux dont les cheveux blonds étaient séparés en leur milieu par une raie bien nette, sous sa coiffe raidie par l’amidon. Son allure propre et aseptisée la faisait ressembler à une religieuse. Elle lança un regard vers l’autre infirmière, une Noire qui ne parlait jamais.

— Nous allons lui faire l’imposition des mains pour essayer de la guérir, dit Paige. Il n’est pas dit que cela marche, mais nous possédons tous ce don. Nous devons essayer.

— Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne chose à faire ! lança la jeune infirmière méfiante.

L’autre hocha la tête et lui fit signe de laisser faire.

— Sortez toutes les deux, dit Michael d’un ton calme mais impérieux.

Elles quittèrent la pièce.

Mona referma la porte.

— J’ai une impression vraiment étrange, dit Lily. Comme si nous étions une famille de grands musiciens mais que nous ne savions pas lire la musique et encore moins chanter juste.

Seule Paige Mayfair, celle venue d’ailleurs, celle qui n’avait pas grandi à First Street et n’avait pas l’habitude d’entendre les pensées des autres aussi clairement que leurs paroles, semblait mal à l’aise.

Elle posa par terre son petit sac à main de cuir et s’approcha du lit.

— Éteignez toutes les lumières, sauf les cierges.

— C’est complètement stupide, protesta Fielding.

— Je préfère, insista Paige. Cela évitera toute distraction.

Elle posa les yeux sur Rowan et l’examina lentement, de son doux front à ses pieds pointant sous le drap. Elle avait l’air très triste et pensive.

— Ça ne sert à rien, dit Fielding, qui avait manifestement du mal à rester debout.

Mona le poussa doucement pour qu’il s’approche du lit.

— Appuie-toi sur le lit, dit-elle en se forçant à être patiente. Je tiens ton bras, pose ta main sur elle. Une seule suffira.

— Non, les deux, demanda Paige.

— C’est complètement crétin ! dit Fielding.

Les autres se pressèrent autour du lit. Michael recula mais Lily lui fit signe de se joindre à eux. Tous posèrent leurs mains sur Rowan, Fielding penché dans une position précaire et respirant difficilement.

Mona sentit sous ses doigts le bras pâle de Rowan. Elle les avait posés juste sur les marques de meurtrissures. Comment s’était-elle fait ça ? L’avait-il agrippée et secouée ? On distinguait presque les marques de doigts.

Rowan, guéris !

Elle n’avait pas attendu les autres mais se rendait compte que tous avaient pris la même décision. Elle entendit la prière commune s’élever en silence. Paige et Lily avaient fermé les yeux.

— Guéris, murmura Paige.

— Guéris, murmura Mona.

— Guéris, Rowan, dit Randall d’une voix déterminée.

Un murmure bougonnant émana finalement de Fielding :

— Guéris, mon enfant, si le pouvoir est en toi. Guéris, guéris.

Lorsque Mona ouvrit les yeux, Michael pleurait. Il tenait la main droite de Rowan serrée dans les deux siennes et murmurait en même temps que les autres. Mona ferma les yeux et prononça à nouveau les mots :

— Allez, Rowan ! Guéris !

Un certain temps s’écoula, pendant lequel l’un ou l’autre murmurait ou appuyait un peu plus fort sur le corps ou le tapotait. Lily posa une main sur le front de Rowan et Michael y déposa un baiser.

Finalement, Paige se releva en disant qu’ils avaient fait ce qu’ils pouvaient.

— A-t-elle reçu les derniers sacrements ? demanda Fielding.

— Oui, à l’hôpital, avant l’opération, répondit Lauren. Mais elle ne va pas mourir. Elle se maintient. Elle est dans un coma profond et cela peut durer des jours et des jours.

Michael leur avait tourné le dos. En silence, tout le monde sortit.

Dans le salon, Lauren et Lily servirent du café et Mona fit passer le sucre et le lait. Il faisait noir dehors. Tout était calme. L’horloge sonna cinq coups. Paige la regarda, comme étonnée.

— Qu’en penses-tu ? demanda Randall.

— Elle n’est pas mourante, mais elle ne réagit absolument pas. En tout cas, je n’ai rien senti.

— Rien du tout ? demanda Lily.

— Nous aurons essayé, dit Mona. C’est ce qui compte.

Elle sortit dans le hall d’entrée. L’espace d’un instant, elle crut voir Michael en haut de l’escalier. Mais ce n’était que l’infirmière qui passait. La maison craquait et grinçait, comme à son habitude. Elle hâta le pas, se mettant sur la pointe des pieds pour ne pas faire jouer les marches comme des touches de piano.

La lampe de chevet avait été rallumée. La lueur des bougies était absorbée par l’éclairage électrique jaune.

Mona s’essuya les yeux et prit la main de Rowan. La sienne tremblait.

— Guéris, Rowan ! Guéris ! Tu ne vas pas mourir, Rowan ! Guéris !

Michael l’entoura de ses bras et lui embrassa la joue.

Elle ne se retourna pas.

— Guéris, Rowan ! répéta-t-elle. Je suis désolée de ce que j’ai fait. Sincèrement désolée. S’il te plaît, il faut que tu guérisses. À quoi sert tout cela, l’héritage, l’argent… si nous ne pouvons pas… si nous ne sommes pas capables de guérir ?

 

Il devait être 6 h 30 du matin quand Mona prit sa décision. Mayfair Médical verrait le jour. Tout se passerait tel que Rowan l’avait prévu.

Elle était allée se réfugier sous le chêne, devant la maison des invités. Assise sur la couverture de laine qu’elle avait emportée avec elle, elle contemplait le matin frémissant dans l’humidité.

Un garde dormait sur une chaise près du portail. Un autre faisait les cent pas de l’autre côté de la clôture bordant les dalles de la piscine.

La maison semblait grandir contre le violet du ciel. Sur la droite, l’aurore rouge sang commença bientôt à poindre.

Mona était heureuse d’assister à ce spectacle. Elle se sentait seule. Elle était l’héritière. Lauren lui avait chuchoté : « Je ne comprends pas que tu sois aussi surprise. C’est une question de lignée. Tu as pourtant tracé notre arbre généalogique sur ton ordinateur. Nous t’expliquerons tout en temps utile. Je ne peux pas t’en parler tant qu’il reste à Rowan un souffle de vie. »

Mayfair Médical existera, Rowan. Ce sera ton œuvre. Nous enfouirons nos secrets au plus profond de nous, mais les solides pierres de Mayfair Médical s’élèveront afin que tout le monde les voie.

Rien d’étonnant à ce qu’elle n’arrive pas à dormir, malgré tous ses efforts. Elle préférait réfléchir, échafauder des projets, mettre de l’ordre dans ce qui commençait à l’obséder, l’emplacement et la structure de Mayfair Médical. Elle ferait graver le mot « guérir » quelque part. Sur une pierre ? Sur un vitrail ?

Pierce serait son meilleur allié. D’instinct, il était aussi prudent que son père, Ryan, mais le projet lui tenait à cœur. Il voulait le voir aboutir. Ces deux derniers mois, il avait continué à travailler dessus. En le poussant un peu, elle parviendrait à le persuader de mettre les choses en route. Les plus timorés de Mayfair & Mayfair tenteraient bien de les freiner, mais Pierce et elle trouveraient les mots pour les convaincre d’avoir de l’audace, voir grand et rêver.

Pierce s’était endormi non loin d’elle dans une chaise longue, sa veste jetée sur son épaule. Il avait dit vouloir un peu d’air. Il était près de la piscine. Il trouvait qu’on respirait mal à l’intérieur. En passant devant lui, elle avait trouvé qu’il ressemblait à un bébé.

L’héritière. Ne jamais perdre de vue que tout est possible.

Tous ces livres sur les hôpitaux, où les avait-elle vus, déjà ? Ah oui ! dans la chambre de Rowan, quand elle avait fait ses petites manigances pour séduire Michael. Sous la table de chevet, près du lit. Elle les lirait plus tard pour étudier le projet. Il était important de bien se préparer avant de mettre un dossier sur la table : elle le vendrait aux Mayfair en les faisant crouler sous un tas de plans d’architecte, de tableaux financiers et de listings divers et variés.

Elle ferma les yeux. Elle sentait le soleil, maintenant, elle n’avait pas besoin de le voir.

Elle décida de jouer au petit jeu qui ne manquait jamais de l’endormir. En pensée, à la vitesse de l’éclair, elle passa en revue la décoration des couloirs et des bureaux de Mayfair Médical. Choisir les couleurs, accrocher les rideaux, suspendre les tableaux qui rendraient les patients heureux, qui donneraient aux médecins et aux infirmières débordés un moment d’illumination lorsqu’ils pénétreraient dans un couloir, une cage d’escalier ou le hall d’entrée. Les magnifiques portraits de Piero Délia Francesca, les doux yeux des femmes de Botticelli. Elle ne choisirait que des choses plus belles que la réalité.

Elle avait tellement sommeil.

Gifford se pencha pour l’embrasser. Dors un peu, maintenant.

Oui, je vais dormir. Tu sais, je ne voulais pas, pour Michael… Je n’ai jamais voulu…

Ils le savent. Cela n’a pas d’importance. C’est bénin. Tu es bien une Mayfair. Tu es acharnée, téméraire mais tu ne veux pas te laisser aller aux remords. C’est ainsi, dans notre famille.

Tu es sûre qu’elle ne nie haïra pas pour ce que j’ai fait ? Était-ce vraiment bénin ? Je n’aurais jamais cru que tu trouverais ça bénin. C’est vraiment difficile de distinguer ce qui est bénin de ce qui ne l’est pas.

C’est bénin.

La tête posée contre l’écorce rugueuse du chêne, Mona sombra dans le sommeil.

 

L'heure des Sorcières
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